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Mai
01

Camp des maîtres 1997

Camp des maîtres 1997 par Paul Junique

Cette année, pas de stress pour l’enneigement. Les premiers flocons, tombés en mi-novembre, sont toujours au sol et les skis ont déjà plusieurs sorties sous la semelle. C’est donc optimiste et confiant que j’ai rejoins la Forêt Montmorency pour la nouvelle édition du Camp des maîtres.

Comme tous les ans, Michel [Bédard] et Léon [Simard] sont à l’accueil et en quelques secondes me voilà replongé dans le monde des maîtres, des amis et des sourires. Le temps de débarquer mon matériel, de trouver notre chambre, d’embrasser Carole et je suis dans les couloirs à la rencontre des derniers potins :

• Les pistes sont très bien tracées [le traceur de pistes] ;
• Les maîtres ont tous un an de plus [Roland Michaud] ;
• Monsieur Toko n’est pas là [Monsieur Swix] ;
• Jacques Houde en est à son troisième massage [Michel Labelle] ;
• Michel Labelle en est à son quatrième massage [Jacques Houde] ;
• Je rajeunis à vue d’œil [Carole] ;
• Le bar est fermé [Fred — je conserve son anonymat —].

Je voulais m’inscrire au cours de déphasé pour redoublant, mais il ne se donne pas cette année. Par contre, quel ne fut pas mon étonnement en voyant le nom d’Alfred [Fortier] au sommet d’une feuille sur laquelle on invitait les maîtres à un rendez-vous au terrain de balle molle. Les idées les plus folles m’ont assailli.

• Fred enseigne-t-il un nouveau sport ? Impossible, on ne peut pas frapper une balle avec un bâton de ski, c’est trop fragile. Et si on frappait avec un ski ? Peu probable à cause du fartage.
• Et si le frappeur était normal, mais le coureur était en ski ? Impossible, la neige cacherait les coussins.
• Peut-être que le lanceur lance des skis ? Peu probable, les gants ne sont pas adaptés à ce genre de projectiles.
• À moins qu’Alfred n’organise une bataille de boules de neige ?
• Et si le Botticelli du offset voulait devenir le Baeb Ruth du déphasé ?

En tous cas, j’ai mal dormi à cause de ces interrogations, des douches trop proches, des va-et-viens dans le couloir et de l’excitation de revoir les amis dans quelques heures.

7 heures. Debout. Visite à la toilette pour rencontrer les plus matinaux et, enfin, le moment le plus attendu : le petit déjeuner. Je rentre à la cafétéria sous le sourire contagieux de Pierre [Bolduc] et Serge [Mathieu]. Les têtes ont un peu blanchi, les rides ont légèrement augmenté, mais le thermomètre est toujours au beau fixe. C’est réconfortant de retrouver les amis de l’hiver.

Pour suivre les conseils de Pierrette [Bergeron], j’ai pris huit tranches de bacon sans mauvais gras, quatre œufs sans cholestérol, trois muffins sans confiture, deux croissants sans protéines, trois crêpes sans poudre à pâte, deux cafés sans sucre, deux sucres sans café et un plateau assez grand pour y poser tout ça.

Le marathon annuel de discussions sur les conditions de fartage a commencé.  » To wax or not to wax « , telle est la question. Je choisis de farter. Non par amour du fartage, mais si je fais du classique le matin, je fais du patin l’après-midi. Ça me permet de ne pas farter après manger, donc de gagner du temps et de revenir plus tôt pour avoir de l’eau chaude sous la douche. C’est de mon dernier cours de fartage que j’ai retenu cette tactique.

Avant d’aller exhiber mon style sur les pistes, je me suis caché près du terrain de balle molle pour observer Alfred et les déphasés. Pas de monticule, pas de marbre, pas d’arbitre, pas de coussins. Uniquement un Alfred évoluant gracieusement pour démontrer à un auditoire attentif l’art du déphasé. Rassuré sur l’utilisation du terrain de balle molle, j’ai glissé vers les pistes.

Un aller sans bâton, un retour uniquement avec les bâtons, un aller avec le club IMCO [célèbre club de maîtres de Montréal], un retour avec le ventre vide. Il faut rentrer refaire le plein de Joules [on utilise plus le mot  » calorie  » depuis 1976].

Le midi, je mange légèrement pour ne pas somnoler après le repas. Par contre, je dépense beaucoup d’énergie pour saluer tous les amis et un dessert supplémentaire ne nuira pas. Alors j’avale un quatrième morceau de gâteau et je repars, en patin cette fois.

Avec Martin [Massicotte] et Marc [Cominiuk], on a grimpé deux fois la montée des Cascades, pour être certain qu’il faut bien deux minutes pour la redescendre. Au retour, j’ai accéléré pour avoir de l’eau chaude. Pas assez… j’ai ouvert le robinet deux douches trop tard.

Quelques étirements sur mes vieux tendons m’occupent jusqu’au souper.

J’ai choisi une soupe, un steak végétarien, un dessert et un verre de lait pour goûter. Comme c’était bien bon j’ai repris deux autres plateaux et j’ai couru à l’atelier de fartage. J’y vais tous les ans pour rester à la fine pointe de la technologie de la glisse.

C’est Côme [Desrochers] qui nous a tout expliqué. Cette année, il n’y a pas beaucoup de nouveautés. Les manufacturiers ont augmenté les prix du matériel de l’an passé pour donner l’impression que l’évolution se poursuit. On peut noter cependant quelques points intéressants.

• Chez Start : l’ensemble Black Magic. Tellement révolutionnaire qu’il n’est pas encore disponible.
• Chez Toko : un nouveau Streamline, plus performant, plus blanc, plus pur et plus cher que l’ancien. Ne l’achetez pas; l’an prochain il sera remplacé par un nouveau Streamline, plus performant, plus blanc, plus pur et plus cher.
• Chez Swix : les emballages ont changé, les prix aussi.
• Chez Briko : rien n’a changé, mais les noms des produits ont été améliorés.

Réconforté de me sentir à jour côté semelles, j’ai regagné mon lit pour un peu de lecture, beaucoup d’intimité avec Carole et un gros dodo. Mon sommeil a été perturbé par de nombreuses questions qui restent sans réponses dans tous les ateliers de fartage.

• Le ski servant pour la démonstration est toujours gratté à moitié. Qui gratte l’autre moitié ?
• Ce même ski est passé au Céra F ou au Streamline sur 15 centimètres environ. Est-ce que la glisse des 185 autres centimètres est améliorée ?
• Est-ce qu’une brosse à chaussures en crin de cheval fait le même travail qu’une brosse à farter en crin de cheval ?
• Est-ce qu’il y a des farteuses dans les équipes nationales ?

Réveillé à 7 heures par un bruit de douche chaude, je me précipite à la cafétéria pour engouffrer mes œufs-bacon quotidiens. Deux tasses de café plus tard, je sors pour skier avec Aloïs [je vais encore me tromper dans l’orthographe] et Sarto [Chouinard].

Les ateliers occupent la majorité des maîtres qui studieusement, se promènent sur un ski sans bâtons, sur deux skis sans bâtons, sur un ski avec un bâton, sur deux skis avec un bâton… les exercices ne manquent pas dans le cerveau de Réjean [Charbonneau] et de Carmen [Archambault].

Midi. Drapeau jaune. Il faut rentrer au puits de ravitaillement.

L’après-midi, les bras fatiguent un peu et je décide de rentrer prendre une douche froide et un petit repos avant le souper et le salon du ski.

Ce salon gagne en popularité, je vous en donne les principaux attraits :

• La compagnie Fisher a délégué un nouveau représentant : FisherMan [Fortier]. C’est un spécialiste des caps skis et des capsules de bières.
• Chez Rossignol : le jaune du cosmétique s’harmonise toujours avec la veste de Jacques [Fecteau].
• Benoît [Létourneau] vous propose un logiciel d’entraînement. Ce n’est ni un appareil qui s’entraîne à votre place, ni une nouvelle méthode pour souffrir. C’est simplement un carnet d’entraînement comme on en avait avant, mais ça fonctionne avec un ordinateur au lieu d’un crayon.
• La famille Keskinada au complet est là pour vous inscrire à la troisième édition, celle de l’hiver prochain. C’est moins cher que la Translaurentienne et c’est plus long; une véritable aubaine.
• Le Marathon canadien affiche les 170 km de son parcours. De quoi inciter les participants à prendre le bus pour aller de Gatineau à La Chute.
• Les boissons revitalisantes au chocolat sont toujours aussi bonnes.

La remise des trophées de la saison 1996-1997 est émouvante, surtout quand ont voit les maîtres les plus âgés médaille au cou et sourire aux lèvres. Ça donne envie d’être maître pour encore longtemps. Et puis, il y a eu le tirage des prix. J’ai gagné deux heures d’entraînement supplémentaires avec Denis [St-Amand]. Carole a gagné des lunettes Swix. Ça me fait une idée de cadeau de Noël en moins… Marie a gagné des souliers pour Réjean.

Enfin, l’ouverture du bar vin et fromage de Gaston [l’œnologue]. Depuis plusieurs années, les mots me manquent pour décrire les breuvages de Gaston. Cette année encore je suis incapable de vous transcrire sur papier les sensations ressenties sur papilles. Je n’ai pas été malade, j’ai oublié une partie de la soirée, j’ai rejoins la bonne chambre et j’ai bien dormi.

Dernier réveil entouré d’amis. On sent déjà le stress du départ. Je parle du départ de la course organisée par Côme pour ceux qui ont envie de mesurer leur cardio. Moi, je vais faire spectateur, ça me changera. Ce fut une belle course. Je n’y ai pas assisté, je me suis égaré sur une piste pas tracée. Les commentaires furent élogieux : il reste encore des maîtres capables de foncer et de se défoncer. Bravo à tous, vous méritez le dessert de midi.

Je passe toujours assez vite sur les derniers moments, je ne suis pas très fort sur les bye-bye. Alors, terminez votre repas, rangez votre matériel et attention sur la route.

Main dans la main, Carole et moi avons repris le chemin de la ville. On est heureux, on va vous revoir cet hiver.

1998-05

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