Extrait de l’Écho des maîtres, numéro 28 (avril 2011)
(voir l’article sous forme pdf)
Transjurassienne 2011
par Nathalie Langlois, Magog
Depuis que j’ai mon passeport de la Worldloppet, j’ai décidé d’essayer de faire une loppet par année ou par deux ans, pour éventuellement les faire toutes. Après la Vasaloppet en Suède l’an passé, cette année c’est la Transjurassienne qui m’a séduite. J’avais le goût d’en faire une en pas de patin et c’était la plus longue, 76 km, ce qui me plaisait bien.
Je quitte donc le Québec le 6 février pour le Jura français avec un ami. Nous étions un peu inquiets du manque de neige et nos craintes furent confirmées à notre arrivée.
Un soleil radieux, une température clémente, des gazons verts, mais pas de neige au sol. Les dernières précipitations dans la région remontaient au 25 décembre. Heureusement, on apprend que la course va tout de même avoir lieu sur un parcours de repli, en altitude. Le tracé sera raccourci : le 76 km et le 54 km deviendront un 40 km comprenant une boucle de 10 km skiée deux fois. C’était mieux qu’une course annulée ou que de tourner en rond sur une boucle de quelques kilomètres, mais j’étais quand même déçue.
Au lieu d’un trajet sillonnant à travers les villages avec un dénivelé négatif, on se retrouvait sur un parcours escarpé dans la forêt, en altitude, avec un dénivelé positif (montée 1020 m, descente 970 m). Pour moi, ça voulait dire un effort plus court mais beaucoup plus intense.
Dans la semaine qui précède, on skie le parcours presque au complet, en deux sorties. Les conditions de neige sont minimales, il faut enlever les skis à plusieurs reprises. Il y a des sections en terre, d’autres sur la glace vive, c’est du ski extrême! On se demande comment les organisateurs vont faire pour arranger le tout. Heureusement ils ont fait des miracles avec, entre autres, de la neige artificielle.
Sachant qu’il y a environ 300 femmes qui prennent le départ, je me fixe un objectif de terminer dans les 40 premières ou dans le premier 15 % et de faire un temps de moins de 2 h 30.
Il y a quatre vagues de départ, en plus de la vague élite. Grâce à mes courses antérieures, je suis classée dans la première vague. On nous place dans des zones clôturées selon nos vagues, skis dans les mains. On se sent comme des poules en cage! Lorsque le départ a été donné, tout le monde s’est précipité à la porte en se bousculant, comme s’il y avait le feu. Puisqu’on avait des puces et que le temps comptait seulement quand on passait la ligne, j’ai pris mon temps et je suis partie dans les dernières de ma vague. Ça m’a permis de remonter et de dépasser durant toute la course, c’est bon pour le moral! Je ciblais les filles qui avaient un dossard rose (alors que les gars étaient en bleu). J’avais de bonnes jambes et un bon feeling. La catégorie élite était partie cinq minutes avant nous alors je savais qu’il y avait déjà une trentaine de filles devant. Au 6e km, un spectateur m’a dit que j’étais 38e femme. Je me suis dit : « Bon, c’est le temps d’aller en dépasser d’autres si tu veux rester dans le top 40 ». Et une à la fois, je les passais 37, 36, 35…
Les conditions étaient difficiles avec de la neige soit molle en gros sel, soit très collante. Les descentes étaient périlleuses car il s’était formé plein de remblais et c’était dur de contrôler les skis. Il faisait chaud, plus de 10 °C.
Vers la fin de ma première boucle, je me suis fait dépasser par les premiers hommes qui avaient déjà 10 km d’avance et qui terminaient leur 2e boucle. C’était impressionnant de les voir passer!
Quand on est repassé au départ au 30e km, la 4e vague venait juste de partir et on a été pris dans une foule de skieurs peu expérimentés et plus lents. C’est dur de dépasser, surtout que la piste n’était pas large, à côté c’était de la terre, et ça montait pas mal. Je suis tombée une fois mais heureusement vite relevée et pas de bris d’équipement.
Durant le parcours, j’ai été encouragé à plusieurs reprises: « Vas-y Nathalie ». La première fois, je me suis dit: « Il y a une Nathalie qui skie juste derrière moi ». Puis, j’ai réalisé que les gens avaient un journal avec la liste de tous les participants et les numéros de dossards. J’ai donc entendu mon prénom souvent, parfois accompagné de « GO la Canadienne ».
C’était vraiment l’fun et motivant! Finalement, dans les derniers 7 km j’étais encore en pleine forme et c’est là que j’ai dépassé le plus de filles. J’avais perdu le décompte mais je savais que je m’alignais vers un top 25.
Je termine en 19e position sur 285 femmes, avec un temps de 2 h 19’ 33”. Je suis très contente de ma course et j’ai atteint mes objectifs. Avec les numéros de dossard, je peux voir quelles filles étaient inscrites au 54 km, lesquelles étaient inscrites au 76 km. Les élites faisaient le 54 km et j’aurais donc terminé 3e femme au global au 76 km si j’avais maintenue cette position. Il va falloir que je revienne le faire un jour, ce fameux 76 km.